Gentille: agréable, affable, complaisante, respectable; sympathique; Dont on ne fait pas grand cas: c’est gentil sans plus.
Un mot simple. C’est le mot qui a toujours été utilisé pour me décrire. J’ai commencé à avoir de la rancoeur contre cette étiquette à l’adolescence. Je n’ai pas dit aux gens que je n’aimais pas leur compliment, ou conseiller qu’ils élargissent leur vocabulaire. Je ne me suis pas rebellée en faisant la foire, en agissant différemment ou en m’habillant bizarrement. J’ai juste continué à être gentille. J’ai cependant arrêté d’utiliser cet adjectif pendant de nombreuses années. Adolescente, gentille signifiait: ennuyeuse, bla, prévisible, simple, timide, réservée et potelée. Je voulais être exotique (j’ai de grands yeux bruns après tout) aventureuse, un casse-cou, mais mon frère a eu ces gènes, moi je m’inquiéter pour lui. Au lieu de cela j’ai reçu les gènes de la lecture. J’ai passé de nombreuses heures à lire des livres pendant l’été, ma mère me trouvait toujours absorbée dans une histoire, elle devait appeler mon nom plusieurs fois pour attirer mon attention afin que je l’entende dire: «Fais une pause de lecture, allez va dehors prendre de l’air frais, tu vas devenir aveugle”. D’ailleurs je n’ai jamais eu à porter de lunettes jusqu’à la quarantaine, pour moi les livres ont été bons pour ma vision. Je sortais pour jouer a la détective comme mon personnage masqué préféré. Mon frère, ma cousine et moi escaladions le cerisier géant à l’extérieur de notre maison, malheureusement c’était les petites cerises amères, mais quel arbre facile à grimper, nous en avons passé des heures assis avec le dos à son tronc avec des boucles d’oreilles de cerises encadrant nos visages chauds, nous parlions de tout et de rien. Je n’ai loupé aucune de nos randonnées familiales et pique-niques. Ma mère ne faisait pas de ski, papa s’est inscrit au club de ski et nous emmenait skier mon frère et moi le dimanche. Quand j’ai eu des douleurs de croissance et que je ne pouvais plus skier parce que mes genoux me faisaient trop mal, ma mère, qui ne conduisait pas, m’a emmenée en ville pour faire du patin à glace, elle me regardait trébucher sur la glace en sirotant son cappuccino ou cacao de la fenêtre du restaurant. Notre patinoire était extérieure, j’adorai ça, nous nous sommes faites de nouveaux amis. J’aimais l’avoir à moi toute seule dans le bus, ma mère a toujours été quelqu’un qui avait la parole facile, pas intrusive juste attentionnée, elle ne posais jamais trop de questions. Nous étions des enfants de plein air qui n’avaient pas le droit de laisser tomber nos emballages ou bâtons de glaces sur le sol, qui devaient répondre aux adultes qui nous parlaient même s’ils interrompaient une bataille importante pour nous dire de remplir les trous que nous creusions et de niveler les collines que nous avions construites. Elle nous a appris à respecter les plantes et les animaux, à ne pas écraser les insectes juste parce qu’ils étaient là, elle s’attendait à ce que nous soyons des géants doux.
Le mot gentil ne me dérange pas quand il est utilisé pour décrire comment ma vie était ou est. Mais au fur et à mesure que l’adolescence prenait de l’ampleur et que les gens disaient toujours à maman que j’étais gentille, cela commençait vraiment à me tracasser. Je n’avais pas réalisé à l’époque que la raison pour laquelle je me sentais ainsi était que personne ne me connaissait vraiment, que tout ce qu’ils voyaient était une réflexion, une image de moi, il n’y avait que moi qui savais ce que je ressentais ou ne ressentais pas, qui essayais de comprendre qui je devais être. Gentille n’était pas utile du tout, un mot si générique, j’avais besoin d’un mot qui me représentait beaucoup mieux, original pas si pâle, d’un logo qui me pousserait dans la bonne direction. Je suis encore en train de déterminer qui je suis 40 ans plus tard. Heureusement pour moi, les livres étaient toujours là quand j’avais besoin d’aide, pour mieux échapper à l’angoisse de l’adolescence et de l’âge adulte. Je n’avais jamais ressenti le besoin de faire de la drogue. J’ai essayé de fumer un joint il y a peu de temps, je ne pouvais pas passer la saveur âcre de la fumée, je ne pouvais pas comprendre comment inhaler sans la brûlure, j’aurai besoin d’un relaxant musculaire pour pouvoir fumer. Peut-être qu’en manger quand c’est dans un brownie pourrait fonctionner, même si on m’a dit que ceux qu’ils vendent au magasin sont assez faibles. Les États de Washington et du Colorado ne recevront pas d’argent de ma part car j’ai réfléchi pendant trop longtemps, cela ne semble plus être une idée amusante. Au lieu de la drogue j’ai trouvé des écrivains qui à travers leurs livres élargissent mon esprit. J’aime être en contrôle de mon corps, je n’aime pas envahir les espaces des autres avec des bouffonneries étranges ou dangereuses. Je suis un disciple de règle quand il s’agit de la sécurité, je ne suis pas “Timide et peureuse”, mais il y a une raison pour laquelle nous devons remplir et signer des formulaires pour tout type de “plaisir” avant de les faire. Certains risques sont acceptables pour moi, d’autres ne le sont pas. Les attractions 3D ont été inventés pour des gens comme moi. Nous vivons l’histoire dans un environnement amusant et en toute sécurité.
En tant qu’adolescente, le monde semblait chaotique, effrayant, d’être associée avec le agréable était comme ci un morceau de ruban adhésif couvrait le trou qui contenait les sentiments d’inadéquation, le doute de moi, la peur de ne pas trouver qui je devais être. Quand je pense à mon passé, je réalise que j’aurais pu être appelée pas tant d’autres mots, j’ai eu la chance d’avoir un mot gentil associé à mon nom. Il se trouve que ce que vous voyez est ce que vous obtenez avec moi. Ma personnalité fondamentale a façonné ma vie, ma propre famille, elle m’a apporté la joie,la frustration, même la douleur. Je ne fais pas du multitâche, je suis une femme qui donne, une soignante. J’ai permis à gentille de prendre en charge toute ma vie, lui permettant de devenir plus grande que moi. Pendant de nombreuses années ça ne m’a pas dérangée, mais alors que mes filles grandissaient, j’ai commencé à m’inquiéter du fait que j’avais l’impression d’être devenue un paillasson, pas un bon modèle pour elles. Je ne me suis pas reconnue, j’étais devenue invisible, j’avais disparu, la frustration s’installait. Mais le destin est intervenu quand j’en avais besoin le mot gentille c’est transformé et c’est agrandit, il est devenu résilience, force. J’ai appris à dire non, de me mettre en premier quand il le fallait, à me faire face et à laisser tomber la rancoeur et la peur, à découvrir la gratitude et de laisser briller mon sens de l’humour. Qu’est-ce que j’entends comme adjectifs maintenant? Forte, gentille, réfléchie, une bonne amie. Qu’ai-je appris l’année dernière? D’être plus gentille et généreuse avec moi-même, à dire non ou assez, à prendre soin de moi-même, pour être plus assertive. J’éprouve toujours de forts sentiments vis-à-vis du mot gentille car il évoque des images de paillasson et d’oubli de moi-même. Cette année de croissance continue, il m’arrive de moins en moins de voir ces mauvaises images associées avec ce mot; quand je régresse j’ouvre un livre, je ne permets pas à l’image négative dans ma tête de prendre le dessus, je la change avec une qui m’apporte de la joie. J’ai trouvé mon antidote, je suis encore à la recherche d’un bon logo. Bonne journée!
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