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Aimerai-je avoir une vie simple ou compliquée?  Est-ce que je préfère que les choses soient faciles ou difficiles pour moi?  Est-ce que je veux vivre ma vie ou faire plaisir aux autres? Est-il important de savoir qu’en étant fidèle à moi-même je perdrai sans doute des liens en cours de route?  Est-ce que je veux être contrôlée ou contrôler quelqu’un? Ce sont des questions que j’ai commencé à me poser au fure et à mesure que des choix se sont présentés ou que des décisions devaient être prises.

Après avoir passé deux semaines en Italie avec nos cousins, nous allions tous nous séparer à Milan, ma cadette et moi en direction de la Suisse par train pour rendre visite à ma famille.  Mon petit frère allait venir nous prendre à la gare. Ma fille aînée nous rejoindrait quelques jours plus tard après une visite à Amsterdam. La question concernant le comment se rendre de Genève à notre petit village dans les alpes avec le minimum de frais et d’inconvénients pour elle devait peser lourd dans son esprit.  C’est sans doute pour cela que lors de notre dernier jour ensemble lors d’un déjeuner tranquille à Varenna, elle faisant face à moi, moi admirant la vue offerte par le lac de Côme, qu’elle me fit revenir sur terre en me posant cette question. “Maman, comment vais-je me rendre de Genève jusque chez Mémé?” C’est ce que les filles appellent ma mère.  Vu que sa question m’avait secouée hors de mon état de relaxation, je répondit un peu sarcastiquement: “Sur ton balai?” Elle n’a pas trouvé ma réponse aussi drôle que moi et sa meilleure amie. “Il faudra bien que tu loues une voiture pour qu’on puisse se déplacer.” A été sa répartie. Je comprenais ses inquiétudes vu que nous n’avions pas eu une bonne expérience la dernière fois que nous avions pris le train depuis l’aéroport, mais je n’étais pas prête à revenir à la réalité d’être maman en charge, j’étais encore en pleine appréciation des quelques heures qui restaient de nos vacances en Italie.  Ma mère ne conduit pas, elle a vendu la voiture de mon père quelques mois après son décès car elle serait restée dans le garage pendant des mois. Certes nous continuions nos vacances mais je n’avais pas établi les détails de ce que nous allions faire avec ma mère, mon frère, ma sœur et leur famille et comment. Mes filles attendent que je leur dise ce qui est prévu pour la journée ou le lendemain, suivant le choix ou leur état d’esprit ou de fatigue elles me demandent à quelle heure elles doivent être prêtes ou elles me souhaitent une bonne journée sans elles. Après avoir passé deux semaines à marcher dans les rues et utiliser les transport publics pour se rendre de ville en ville je n’étais pas tout à fait prête à reprendre le volant.  Peut-être que c’est de la paresse mais quand je suis en vacances je préfère être passagère plutôt que d’être chauffeur. Mais elle avait raison, louer une voiture simplifierait bien les choses pour ma famille et nous donnerait plus d’indépendance et de choix de sorties. Donc ce soir là dans ma chambre d’hôtel je commençais à planifier le quand et l’endroit pour louer une voiture. Comme j’allais conduire sur des routes étroites et sinueuses dans les montagnes, choisir la grandeur de la voiture n’était pas difficile, petite elle serait. Mais une bonne surprise m’attendait sur internet, une voiture automatique était disponible dans un garage pas très loin de chez ma mère. J’ai appris à conduire avec un levier de vitesse, mais je conduis depuis beaucoup plus longtemps des voitures automatiques, je les préfère.  Donc une grande question se forma dans ma tête. Est-ce que je voulais dépenser plus d’argent pour une automatique ou moins pour une boite manuelle? Je décidais de la mettre de côté jusqu’au lendemain et de la réexaminer une fois arrivée dans la maison de mon enfance.

Ma mère adora l’idée d’avoir une voiture à disposition.  Assise à côté de moi sur le canapé elle observait silencieusement mes recherches, mon esprit se débattait entre le coût ou la facilité/le plaisir.  La facilité/le plaisir triompha. La conduite avec un levier de vitesse est équivalent pour moi à un entraînement physique et mental, si vous ne me croyais pas c’est probablement parce que vous avez l’habitude de rouler sur des routes étroites, sans ligne au milieu, avec un précipice ou une rivière sur votre droite.  Vous n’avez pas besoin de réfléchir pour changer les vitesses au ralentissement ou à l’accélération pendant que vous tournez le volant tout en disant “oh mon dieu, j’espère qu’il y a assez de place pour nos deux rétroviseurs.” Comme je l’ai dit la facilité/le plaisir avant le stress, après tout je suis en vacances.

Le lendemain nous passions prendre notre Renault Captur qui avait seulement 2,000 kilomètres au compteur, donc une voiture neuve, plus spacieuse que nous le pensions pour 5 personnes au lieu de 4, une petite SUV en fait.  Je suis partie du garage très satisfaite de mon choix en direction des magasins, mes deux passagères semblaient ressentir les même sentiments que moi. Cet euphorie rencontra son premier obstacle moins d’un kilomètre plus loin.  Je voulais m’engager sur la droite pour rejoindre la route habituelle quand ma mère me suggéra d’aller tout droit. Étonnée je lui demandais la raison de ce conseil, elle me répondit que c’était plus directe et que cela aurait été le choix de mon père.  Bien sûr j’ai obéi. Comme je l’ai déjà mentionné ma mère ne conduit pas, mais elle a plus de 50 ans d’expérience comme passagère aux côtés de mon père, je n’avais aucune raison de contrecarrer son expertise. Alors que je commençais à longer la route à 60 km / h examinant un peu nerveusement le fleuve sur ma droite, pas de ligne au milieu, et une voiture qui se dirigeait vers moi, je remarquai à haute voix que j’étais contente d’avoir acheté l’assurance automobile.  Ma mère, très à l’aise, me répondit avec beaucoup de confiance que j’avais beaucoup d’expérience au volant et qu’il y avait assez de place pour qu’une voiture et un camion se croisent. Je priais pour que les camions ne soient pas autorisés sur cette route. S’il y avait assez de place pour rencontrer un camion, pourquoi nous serrions-nous tous de notre côté de la route lorsque nous nous croisions? J’ai été soulagée après avoir atteint la route principale et le magasin avec mon rétroviseur intact.  Pas si mal pour tester la voiture, maman me promis de ne plus me conseiller de raccourcis. Mes frères et ma soeur ont bien rigolé quand je leur ai raconté ma petite aventure via Whatsapp, je me suis retrouvée avec beaucoup d’émoticônes drôles et de commentaires marrant sur l’expérience véhiculaire de notre mère, tant mieux qu’on ai pu tous rire. Le lendemain était le jour de conduite sur l’autoroute pour aller à Genève, bien sûr je n’étais pas très motivée pour l’heure et demie de route qui se présentait devant moi mais j’ai l’habitude de conduire sur les autoroutes.  Je n’avais pas particulièrement hâte d’y aller, mais le temps était magnifique, ma mère se proposa pour m’accompagner vu que ma cadette préférait rester tranquille à la maison. Je n’ai rencontré aucun problème. C’était agréable d’avoir quelqu’un avec qui discuter au lieu d’écouter la radio. Après avoir récupéré la voyageuse fatiguée nous sommes reparties, elle fut contente du confort de la voiture mais surtout elle était contente de ne pas devoir déplacer sa valise pendant les deux prochaines semaines. Pendant le trajet du retour nous avons pu profiter de la vue magnifique sur la Riviera suisse, Montreux et ses environs, l’autoroute étant construite en hauteur.  C’est toujours un plaisir de voir le château de Chillon qui brille sur le lac.

Pendant nos vacances j’ai conduis sur des routes qui étaient en dehors de ma zone de confort parce que je ne suis plus habituée à cela, mais en gardant mon sang-froid je me suis bien débrouillée, après tout c’était une automatique, je n’avais pas à dire à mon cerveau de changer de vitesse, ma seule commande était de conduire et d’apprécier le moment.  Sur une de ces routes avec le précipice sur notre droite, aucune barrière sur une partie du trajet, alors que j’étais occupée à tourner le volant et à être reconnaissante qu’il y avait peu de circulation, la passagère assise à côté de moi et qui est sensible aux contours des routes montagneuse me demanda: “Si on quittait la route et tombait dans un de ces ravins, comment est-ce que ma meilleure amie / colocataire le découvrirait-elle, elle se demanderait pourquoi je ne suis pas rentrée à la maison alors que je devais le faire?”  Nous étions sur le chemin du retour après une belle randonnée en montagne, cette magnifique journée en altitude m’avait laissée un sentiment d’accomplissement et d’exaltation, donc fidèle à cet humeur je lui répondit: “Un de mes frères ou ma sœur fera savoir à ton père que tu es décédée et j’espère qu’il pensera à lui laissera savoir, ou l’ambassade peut le faire.” “Mais je n’envisage pas de sortir de la route, de faire rouler la voiture dans le précipice et de mourir aujourd’hui ou pendant le reste de nos vacances, alors je ne me soucierais pas de ça.”  Notre trajet continua sans problemes.

Je suis plus habituée aux lignes droites, aux routes larges mais au lieu de s’inquiéter à l’avance des routes sinueuses que j’allais prendre pour accéder aux endroits que nous avions choisi de visiter, je décidais de ne pas me soucier, d’être dans le moment présent et d’en profiter.    Comme l’été était très chaud nous avons souvent choisi l’altitude plutôt que le status quo. J’ai ramené la voiture sans une égratignure. J’étais désolée de la rendre car cela signifiait la fin de mon temps avec ma famille.

Nous sommes bien rentrées chez nous.  Le rythme de conduire sur les routes sinueuses, les autoroutes à deux voies me manquent, il est agréable de ne se faire dépasser que sur la gauche, mais surtout ce qui me manque le plus est ma famille de faire les choses que nous faisons et mangeons seulement avec ma famille.  Ma cadette partira bientôt à Paris pour aller dans une école professionnelle qui durera trois ans, son père et moi l’accompagnons et y passerons une semaine pour l’aider à s’installer dans son petit studio. Je me réjoui de cet interlude, il est important d’avoir un visuel de l’endroit où se trouvent vos enfants.  Elle n’est qu’à 4 heures par TGV de chez sa grand-mère, ses tantes, ses oncles et ses cousins. Son départ la rapproche de ma famille mais l’éloigne de nous. Je pense au voyage que j’ai fait il y a plus de 30 ans, lorsque mes parents m’ont accompagnée à l’aéroport, nous nous sommes dit au revoir sans savoir à quelle fréquence nous nous reverrions. Elle va en sense inverse du mien. Les choses sont tellement différentes maintenant, elle m’a déjà dit qu’elle reviendrait à la maison pour Noël, ce sera bizarre de ne pas l’avoir pour Thanksgiving mais nous ne serons pas la seule famille à vivre cela.  Elle est plus désolée de louper la fantaisie frissonnante qu’Halloween apporte. Qu’est-ce que je ressens? Je ne peux qu’être heureuse pour elle car je me souviens de ce que j’ai ressenti lorsque j’ai suivi mon rêve de venir en Amérique pour apprendre l’anglais. Elle me manquera bien sûr, elle aura 9 heures d’avance sur moi, mais avec la technologie d’aujourd’hui je pourrai la voir chaque fois que nous nous connecterons avec Facetime ou Skype. Elle n’a jamais vécu dans une ville métropolitaine, mais moi non plus avant de venir aux USA. Elle est à l’aise avec l’idée même si elle est un peu nerveuse de quitter tout ce dont elle a l’habitude, alors je ne peux qu’être sa cheerleader pour le choix qu’elle a fait.  Je me souviens que ma mère était vraiment contrariée par les gens qui lui demandaient comment elle pouvait me laisser partir aussi loin, sa réponse simple était qu’elle ne me possédait pas, oui elle m’avait donnée naissance mais cela ne lui donnait pas le droit de dicter ce que je devais faire, que j’étais la seule à savoir ce qui était dans mon coeur, il n’y avait que mois qui pouvait décider du chemin de ma vie. Suis-je inquiète pour sa sécurité? Pas plus que je ne le serais si elle conduisait sur l’autoroute tous les jours ou si elle faisait la foire ici aux États-Unis. Les jeunes Européens ne semblent pas faire les beuveries qui se font ici. La culture est différente, j’adore entendre “comme au cinéma” lorsque je parle à mes neveux et nièces de choses que font les adolescents ici, par exemple le bal de fin d’année du lycée.  Je me sens bien dans sa décision parce que c’est ce qu’elle veut faire, je suis fière d’elle, ce serait faux de ne pas lui laisser suivre son rêve. La langue? J’avais des compétences de base en anglais mais j’ai appris à le parler rapidement ici, elle a une bonne base en français grâce aux leçons de grammaire du lycée, les vacances passées en Suisse et mes efforts jusqu’à ce qu’elles commencent les écoles primaires. L’année dernière elle a commencé à regarder des émissions en français avec des sous-titres en français. Pour sa première année, ses cours seront en anglais avec plusieurs heures par semaine de cours d’immersion en français, mais elle espère déjà suivre tous ses cours en français l’année prochaine. Son studio fait partie de la Cité Universitaire Internationale qui accueille des étudiants du monde entier,elle se réjouit de vivre parmis des étudiants.

Les choses changent, y compris moi, je suis impatiente de passer du temps avec moi-même, d’entendre parler de sa vie à Paris, de voir comment cela affecte notre petit trio, comment mon aînée se sentira d’être à nouveau enfant unique.  J’ai deux filles très indépendantes qui m’apportent beaucoup de joie. Je dirige mes efforts mentaux vers la façon dont je réagi envers mes filles, d’apprendre à ne pas me mêler et de ne pas m’inquiéter vis à vis de ce qui les affectent, car seulement elles peuvent contrôler leur vie, je ne veux pas gâcher leur assurance ou les faire douter de leurs décisions en leur disant tout ce qui pourrait peut-etre arriver en leur mettant mes idées dans leur têtes, pourquoi planter des graines de doute dans leurs beaux esprits?  Il est de plus en plus facile de faire en sorte que je sois plus sûre de moi en pratiquant le laisser aller des choses que je ne peux pas contrôler. J’espère que ma joie et ma vision positive de la vie soient contagieuses. Il me semble qu’en choisissant ce qui est le plus facile a faire et ce qui est mieux pour moi que les obstacles s’effacent et que je progresse vers l’endroit où je veux aller et que je découvre comment aimer mes filles inconditionnellement.

Je vous souhaite à tous une semaine pleine de joie, de nouvelles découvertes et de plaisir!