En ce dernier jour de septembre mon regard est attiré par la vue qui se présente à travers la fenêtre, je vois que le ciel est gris, qu’un de mes rhododendrons commence à fleurir, que mon pommier préféré s’est fendu en deux et que les feuilles d’automne commencent à s’amasser le long du muret. Je suis distraite par un cercle de grands pins majestueux, leur vert contrastant contre les nuages, qui me rappellent à quel point je suis chanceuse de vivre dans un endroit aussi abondant et verdoyant. J’aime l’automne, ses matins clairs et frais, ses rayons de soleil encore chaud et surtout ses couleurs.
Après avoir passé une semaine à Paris où j’ai admiré sa belle architecture, où je me suis promenée au soleil le long de la Seine, où j’ai pris le métro et me suis mêlée à son humanité bouillonnante, après avoir fait la touriste j’ai du prendre le rôle d’une mère qui laissait sa fille derrière elle, créant ainsi un pont reliant deux mondes contrastés. Pendant que l’avion effectuait sa descente la vue des montagne me fit réaliser le grand contraste entre ce dont ma fille était habituée et où elle vit maintenant. Quand nous nous sommes dites au revoir je me suis sentie convaincue que tout irait bien car elle aime déjà sa nouvelle école. Nous avons toutes les deux conclu un pacte: ne pas penser à la distance qui nous sépare, un continent et un océan, mais de penser à tous les souvenirs amusants qui nous lient. Nous attendons tous avec impatience sa visite à Noël.
Je suis de retour à la maison en train de parcourir des yeux mes environs. Je ne peux pas changer la distance ou le décalage horaire qui nous sépare, elle a neuf heures d’avance sur moi, mais je peux être heureuse de moins me soucier des choses que je ne peux pas changer. Jusqu’à présent elle avait toujours compté sur moi ou sur sa sœur aînée pour la guider pendant nos voyages, elle semblait ne s’inquiéter de rien, d’apprécier notre amour et notre travail, de compter sur nous pour tout. Je suis contente que son père et moi l’ayons accompagnée, elle a apprécié notre aide quand nous lui avons offert une nouvelle carte SIM, aidée à ouvrir un compte bancaire et à faire ses achats nécessaires pour son studio. Elle est restée quelques jours à l’hôtel avec nous avant de passer sa première nuit seule dans son studio la veille du début des cours. Elle a réussi à entendre l’alarme et à arriver à l’école à l’heure en empruntant le tram puis le métro. Son père et moi l’avons rencontré à la fin de la journée à son école, elle était très heureuse, son premier jour c’est très bien passé. Elle nous a guidés avec assurance jusqu’à son studio. Ma cadette est une rêveuse, le dicton «ça lui rentre dans une oreille et lui sort de l’autre» était une bonne description de son attitude jusqu’à maintenant, c’est pour cela que sa sœur, qui n’a pas pu venir avec nous, son père et moi étions un peu inquiets de la laisser seule dans cette métropole géante. Elle semble se débrouiller très bien. Nous ne pouvons plus nous moquer d’elle en ce qui concerne son mauvais sense de l’orientation. Je peux me détendre alors qu’elle semble bien commencer à gérer les choses.
Alors que je m’adapte à mon décalage horaire et qu’elle s’adapte au sien il n’est pas toujours facile d’envoyer des SMS au bon moment, il est beaucoup plus facile de l’atteindre le soir que le matin. C’est un moment excitant dans nos vies. Alors que nous suivons nos propres chemins je sais qu’ils se croiseront parce que nous le souhaitons. J’attends avec joie de pouvoir admirer les belles couleurs changeantes de l’automne, de faire des soupes, de manger du gâteau au potiron, de boires de bonnes tasses chaudes de thé parfumé et de me blottir sous une couverture avec des bons livres pendant nos soirées qui s’allongent. Je suis consciente des changements que cet automne m’a apportée, je me sens plus forte et plus à l’aise, j’accepte ce que je ne peux pas changer. J’espère que vous aussi puissiez apprécier votre début d’automne!
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