Les oiseaux, les leçons qu’ils représentent

 

 

Avec ce qui semble être une provision infinie de temps ensoleillé, les plantes, les mauvaises herbes, les arbustes et les arbres poussent sous mes yeux. Bien assise à l’ombre et contemplant une zone qui devrait être exempte de mauvaises herbes mais qui en est recouverte suffisamment pour nourrir un petit mouton.  J’ai décidé de m’attaquer à cette plague tôt le lendemain, de m’y atteler chaque jour jusqu’à ce que ce soit fait. Pour célébrer ma décision, j’ai choisi de fermer les yeux, d’écouter les sons qui m’entouraient et de méditer pendant 10 à 20 minutes. La terrasse est couverte et flanquée d’un côté par un beau camélia.  Les oiseaux et les insectes semblent aimer le fréquenter. Je ne sais pas depuis combien de temps j’étais assise les yeux fermés et le corps détendu, quand j’ai entendu un battement sur ma droite, au même moment j’ai senti une légère touche comme un souffle tiède sur mon avant-bras. L’oiseau atterrit derrière moi. Je ne sais pas si c’était les plumes ou l’air déplacé par le mouvement des ailes qui a caressé mon avant-bras, mais cela m’a touchée profondément. J’ai gardé les yeux fermés, je n’ai pas bougé pendant plusieurs minutes, voulant profiter de ce moment et ne pas l’effrayer.

Il y a de nombreux oiseaux différents qui apprécient le jardin, le champ et les arbres qui entourent ma maison.  Ce sont des créatures incroyables qui me font apprécier mon jardin et ma vie. Ils sont la manne du ciel pour moi.  Il n’y a pas un jour qui passe sans qu’un oiseau ne me montre quelque chose d’intéressant simplement en étant ce qu’il est censé être.  Ils me font rire, m’émerveillent. Ils me mettent en lumière des choses que je n’avais pas vu, simplement en volant autour de moi, en atterrissant à proximité de quelque chose qu’ils souhaitent que je voie.  Je pense que les oiseaux sont d’excellents enseignants lorsque notre esprit et notre cerveau sont prêts à recevoir, voir ou à écouter leurs leçons.

Voici l’une des raisons pour lesquelles je pense cela.  Leçon 1: espoir. Les colibris Anna ne migrent pas, ils restent dans notre région toute l’année, ce qui me surprend car il n’y a pas de fleurs pendant des mois, mais ils mangent des insectes et les gens leur fournissent du nectar fait maison.  Alors que les jours raccourcissaient et que les nuits s’allongeaient, je réalisai que deux colibris étaient restés et savouraient le nectar que je préparais. Comme il y avait beaucoup moins d’oiseaux dans les environs, il était facile de les remarquer et difficile de rater leurs singeries alors que je me promenais dans les environs, c’était comme s’ils essayaient d’attirer mon attention. Ces oiseaux sont petits mais ils émettent des pépiements aigus, ils sont agiles autour des branches quand ils s’élancent haut dans le ciel et redescendent quelquefois en m’utilisant moi-même comme point de repère et me laissant bouche bée devant leurs manoeuvres acrobatiques.  Je ne sais pas si leurs pépiements étaient destinés à me remercier ou à me dire de me dépêcher lorsque que je sortais enlever le mangeoir pour aller le remplir. Une fois le message envoyé ils attendaient patiemment sur une branche à proximité, jusqu’à ce que je le ramène. Nos hivers ne sont pas généralement très froid, mais cela arrive que nous ayons des jours qui atteignent des températures glaciales. Par contre, cette année nous avons eu un front froid qui a duré plusieurs semaines. Un jour lorsque je suis sortie plus tard que d’habitude j’ai remarqué que le mangeoire était gelé et que les oiseaux volaient autour mais ne pouvaient pas se nourrir. Après avoir essayé plusieurs tentatives pour empêcher qu’il gèle, j’ai décidé de l’enlever chaque soir et de le remettre le matin.  Chaque jour quand je sortais avec le mangeoir, je me demandais si je les reverrais, étaient-ils capable de survivre ces températures glaciales? Puis il a neigé, beaucoup plus que la normal, la neige est restée sur les branches et sur le sol, généralement la pluie arrive tout de suite et la fait fondre, mais pas cette année. Chaque matin, quand je prenais le crochet pour suspendre le mangeoir, je prêtais mon oreille pour un pépiement, parfois j’en entendais un tout de suite, parfois je n’entendais rien. Je gardais les yeux et les oreilles ouverts chaque fois que je sortais avec le chien, je ressentais un soulagement énorme lorsque l’un atterrissait sur la mangeoire, puis l’autre. Hummy et Hummette (en anglais on dit hummingbirds), comme j’aime les appeler, étaient mon phare qui représentait la vie et l’espoir pendant les deux mois où je me suis accrochée à ce que je pouvais pendant que le cancer emportait lentement quelqu’un que j’aime, un continent et un océan nous séparait mais ces oiseaux me rapprochaient d’elle.  La force et la résilience de ces deux petits oiseaux me donnaient de l’espoir chaque jour, me faisant penser que s’ils pouvaient survivre à ces conditions difficiles, je le pourrais aussi. Je ressentais aussi la présence de mon père à travers eux grâce à des images, des souvenirs de lui qui jouaient dans ma tête. Je le revoyais assis sur une autre terrasse, pendant une de ses visites il y a plusieurs étés en arrière, pendant qu’il admirait les colibris pour la première fois. Je me sens bénie d’avoir de si bons souvenirs et d’avoir hérité son amour pour les oiseaux.

Surviving the cold

C’est le printemps, ma belle-soeur nous a quitté à la mi mars, elle a laissé un grand vide dans ma vie.  Le jardin est plein de vie, de fleurs. Je n’aperçois pas les colibris aussi souvent qu’avant mais je les entends tous les jours.  Ils partagent l’espace du jardin avec les bourdons, les abeilles et d’autres oiseaux, mais ils se débrouillent très bien. Quelques autres Anna ont rejoint Hummy et Hummette.  Le jardin et ses habitants sont comme des cartes postales vivantes que je peux partager avec d’autres à travers mes photos. Les oiseaux réussissent toujours à me faire sourire ou rire, ils m’impressionnent par ce qu’ils me font remarquer.

Leçon 2: Parfois, je pense que c’est à propos de moi, mais il se trouve que l’histoire que je me racontais était fausse, ce qui est une bonne leçon à apprendre. “Pourquoi ne devrions-nous pas automatiquement inventer des histoires sur ce qui se passe?” J’étais très concentrée à couper les branches d’un petit arbre qui, à mon avis, encombre et empiète sur un espace trop plein quand un “Junco” (Dark-eyed Junco, j’ai le livre Les oiseaux de Washington) qui était perché au-dessus de ma tête devint très agité.  Ses pépiements me firent arrêter ce que je faisais. Bien sûr ma première pensée a été: “ Je suis une personne terrible qui gâche l’écosystème de cet oiseau, je vais devoir trouver un moyen de me faire pardonner.” Tandis que je me levais les bras pleins de branches coupées, je remarquais d’un coup d’oeil que Prim, la chatte de ma fille, m’avait rejointe et surveillait mes progrès. À mon grand soulagement l’oiseau disait simplement au chat d’aller se voir ailleurs. Donc, cela n’a pas toujours à faire avec moi, parfois c’est au sujet du chat.  Ce que les oiseaux ne savent pas c’est que Prim n’a aucun talent de chasse. Une chatte parfaite pour moi et eux.

 

Je fais des progrès dans le jardin, chaque jour je choisis une section dans laquelle travailler. J’utilise ce temps pour écouter des podcasts, de la musique ou penser à ce que j’aimerais accomplir.  Je garde l’esprit ouvert afin de pouvoir ressentir ou voir chaque chemin qui se présente à moi ou chaque porte qui s’ouvre. Je remarque et fais attention à toutes les choses positives qui entourent ma vie.  En me reculant pleine de sueur et de poussière, j’ai vu que j’avais accompli ce que j’avais défini ce jour-là. Depuis que j’ai décidé de prendre la philosophie “d’assez bien fait ou c’est suffisant”, cela m’a permis de travailler avec un cœur plus léger et plus gai. Mon monde “d’assez bien ou c’est suffisant” me semble être une carte postale parfaite à mes yeux.  Alors que j’avance lentement vers l’acceptation de ce qui ne peut pas être changé, je ne demande pas pourquoi, il n’y a pas de bonne réponse à cette question, du moins pas pour le moment. Je pleure, je ris, je répète, mes sentiments sont là pour m’aider à vivre chaque jour le mieux possible et à me guider vers le bon chemin.

La vie est vibrante autour de moi. Leçon 3: Il est important de prendre le temps de se promener et d’être la pour soi-même.  Si je n’avais pas été proche de la grange, je n’aurais pas remarqué l’hirondelle qui volait sous son toit, alors que je m’approchais elle disparut à l’intérieur de la grange et une autre atterrit dans un petit trou rond juste en dessous. Je décidais de laisser ma curiosité pour un autre jour car je ne voulais pas les déranger, pensant qu’elles étaient peut-être en train de construire un nid. Quelques jours plus tard, lorsque je suis allée chercher ma brouette, j’ai jeté un coup d’œil et constaté qu’elles avaient construit un nid au-dessus d’une des lampes.  Il n’y avait aucun bruit, je ne sais pas si elles l’ont utilisé ou non. J’admire la façon dont les hirondelles glissent dans le ciel, pas un autre oiseau vole comme elles. Elles sont faciles à identifier par la forme de leurs ailes et par leur manière de manœuvrer dans les airs tout en attrapant des insectes. Je ne les avais plus revues, je me demandais où elles étaient passées mais hier soir, six hirondelles sont apparues dans le ciel au-dessus de moi.

 

 

Leçon 4: Ne supposez rien, ayez confiance en vous et aux autres, ayez la foie que ce dont vous avez besoin se présentera.  La douleur et la joie font partie de l’expérience humaine, peu importe qui vous êtes, les pertes et les gains vous rapprochent de qui vous êtes vraiment, les oiseaux me l’ont montré.

 

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