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Au cours de ces dernières semaines je me suis sentie découragée chaque fois que j’apercevais la montagne de travail qu’il restait à accomplir autour de la maison. Trop pour une seule personne à gérer, surtout pour moi.  Pendant que je retirais une mauvaise herbe l’une après l’autre je me disais: «Il faut vraiment que j’engage quelqu’un pour m’aider.»  Il y avait une pile de cartes de visite dans le garage de personnes qui offraient leurs services. Elles avaient été laissées dans ma boîte aux lettres, mais je n’en avais contacté aucune.  

Le soleil fut remplacé par la pluie qui était nécessaire, le sol étant sec, ma maison ayant besoin d’attention je décidais d’y mettre mon focus.  Tout en faisant la vaisselle j’écoutais l’entrevue d’une personne qui expliquait comment elle avait ouvert sa vie à de nouvelles opportunités ou expériences.  C’était une idée simple: se désencombrer du fouillis que nous rangions hors de la vue, de choses que nous n’utilisons plus ou qui ne nous servent plus du tout.  Il suffisait de commencer par un tiroir, un carton ou un placard à la fois. Le fouillis affecte l’énergie de nos maisons donc affecte aussi notre bien-être.  Je n’ai aucune idée de quelles pensées ou quelles choses me retiennent, mais j’avais besoin de changer le statu quo.  Peut-être qu’éliminer le fouillis caché ouvrirait la porte à de nouvelles possibilités. Je pensais que ça en valait la peine.  Je m’étais déjà débarrassées de beaucoup de choses qui encombraient la maison, mais il y avait encore des objets auxquelles je m’accrochais en raison de valeurs sentimentales perçues et d’autres parce que je n’étais pas motivée à m’en occuper.  Je décidais de commencer par le bureau, il est devenu le dépotoir pour les factures payées et autres paperasses. La pile de papiers à déchiqueter augmentait chaque mois. Ayant découvert une nouvelle détermination en moi je choisis un podcast et écouteurs aux oreilles je m’assis dans la chaise de bureau et m’en pris à la pile de papier.  Il m’a fallu plusieurs jours pour déchiqueter tous les papiers car mon petit déchiqueteur surchauffait, je suis consciente qu’il y a des endroits qui déchiquètent vos papiers pour un prix.  Je me demandais pourquoi je ne l’avais pas fait alors que je bourrais un autre grand sac avec les déchets de papier. Mais il pleuvait toujours dehors et les podcasts étant intéressant j’avais vraiment l’impression d’avoir accompli quelque chose.  Chaque fois que mon déchiqueteur refroidissait, je me tourner vers mes dossiers et mes classeurs pour voir ce que je pouvais soit déchiqueter, soit recycler. J’ai trouvé des papiers que je pensais avoir égaré lors de notre déménagement il y a presque 7 ans.  Pendant que j’étais occupée à trier mes dossiers, un frappement à la porte d’entrée me surpris. J’ouvris la porte pour me trouver face à un homme qui se présenta et me demanda si j’avais besoin d’aide autour de la maison. Ma première pensée fut: «Alléluia, voilà la réponse à ma demande d’aide, merci et amen.»  Il me présenta sa carte de visite que j’acceptai volubilement, je lui dit: «laissez-moi mettre mes chaussures, je vais vous montrer ce qu’il y a à faire.» Je lui fit faire le tour du jardin, lui montrai les lilas cassés, les branches tombées, l’élagage, le ratissage, le désherbage tout ce  qu’il fallait faire. Il déclara: «Je vais amener de l’aide, nous devrions être en mesure de tout pouvoir faire en un jour.»  Ce qu’il fit. Quatre personnes sont venues samedi, la météo a été favorable, ils ont redonné vie à mon jardin. Grâce à eux, chaque fois que je regarde à l’extérieur, je vois un jardin bien entretenu, je suis reconnaissante de leur aide.  

Après le succès de mon expérience avec le bureau, j’ai décidé qu’il était temps de trier les éléments sentimentaux qui avaient échappé à ma première purge.  Il y avait plusieurs montres que je n’avais plus portées depuis des années et que je ne me voyais pas les porter à nouveau, mais je les avais gardées car c’étaient des cadeaux.  Par exemple, ma montre en or que j’ai reçue pour mes 30 ans, je l’ai souvent portée et pendant de nombreuses années.  Il était temps de lâcher prise. Je l’ai mise sur le tas destiné au magasin d’aubaines avec réticence, cela n’a pas été facile de l’ajouter au tas mais une fois ma décision prise, comme le podcast l’avait prédit, j’ai ressenti un grand soulagement.  Avec un nouveau ressort dans ma démarche je me dirigeais vers mes placards pour m’attaquer au cristal, aux tasses et à d’autres objets rangés sur les étagères hautes.  Tous ces objets étaient comme neuf, c’est pour cela qu’ils nécessitaient que quelqu’un les apprécie et les utilise à nouveau. Alors que j’emballais ces articles, je ressentis en moi un sentiment de joie et de légèreté, je me sentais plus libre.  En complétant mon tas d’objets à recycler ou à donner, je me rendis compte qu’en m’accrochant à eux je m’étais accrochée au passé et que le passé m’empêchait d’avancer.

Cet exercice simple de nettoyage a amélioré ma vision, je vois beaucoup mieux ce qui compte dans ma vie.  Je peux me séparer des choses facilement maintenant, les objets ne sont que des objets, peu importe qui me les a donnés.  Je m’attends à ce que les autres fassent la même chose avec ce que je leur ai donné. Un cadeau, c’est juste ça, quelque chose que l’on donne à quelqu’un pour qu’il en fasse ce qu’il veut avec.   Quand on place ces objets dans un placard, un garage ou un garde-meubles par ce que l’on n’a pas la place ou par ce qu’ils nous encombrent ou qu’on s’en est lassé, ce n’est pas de la sentimentalité mais plutôt un sentiment de culpabilité vis à vis de la provenance de l’objet ou son coût.   Lorsque nous nous accrochons au passé nous fermons la porte au présent, nous perdons une partie de notre liberté sans nous en rendre compte. Stocker des choses pour ne pas avoir à les gérer ne fait que retarder l’inévitable. Nous devrons tous faire face à notre fouillis, nos choix ou nos problèmes tôt ou tard.  La vie a besoin d’espace pour grandir.

Mon ardoise est beaucoup plus propre, ce nettoyage m’a permis de tourner la page, de faire de la place pour les nouvelles possibilités et surtout d’apprécier plus qui je suis et les choses que j’ai gardé autour de moi.  Je regarde les choses avec des yeux différents et avec de nouveaux sentiments. Pour moi, il est devenu facile de dire non à des choses qui encombreraient mon espace et ma vie. Je suis reconnaissante pour cela.