Construction de cocons

«Faire la même chose maintes fois et de s’attendre à des résultats différents est de la folie».  J’ai entendu cette citation exprimée par différentes personnes assez souvent au cours de ces  dernières années.  C’est une citation intéressante que j’ai gardée et rangée dans ma tête. Dernièrement, cette sommation des choses a résonné en moi, mais j’ai changé le libellé pour mieux représenter mes sentiments.  J’avais une impression profonde d’être comme une poignée en métal sur un seau rouillé.   Cette pauvre poignée demandait beaucoup de soins pour soulever le seau car les charnières étaient corrodées, l’une ou les deux pourraient se casser en soulevant la bassine vide, provoquant une séparation brutale car cette poignée a été soudée il y a longtemps.  Ce détachement lui enlèverai son but ou sa raison d’être. L’incertitude de ce que l’avenir peut apporter ou non a déchiré ce que je pensais être un tissu de bonne qualité, solide et protecteur autour de moi.  Dans l’espoir de sortir de ma foire de l’inquiétude, j’ai décidé de remplacer cette citation par la mienne:  «ressasser maintes fois les mêmes pensées et s’attendre à ce qu’elles changent n’est pas la bonne recette pour améliorer les choses, moi-même ou pour me sentir mieux.»

Il n’est pas facile de maintenir la croissance et la confiance en soi face au COVID-19 et ses conséquences, peu importe à quel point j’ai amélioré mes habitudes, mes idées, même moi-même.  Les vieilles habitudes ou pensées aiment remonter à la tête quand je le veux le moins.  Alors que j’étais assise à mon bureau, je ressentais un fort sentiment d’inconfort, une pression uniforme et forte à l’intérieur de moi-même, ils cognaient bruyamment à l’intérieur de mon corps pour que je les libèrent.  Je craignais que si je m’ouvrais, une vague de sentiments géante me noyerait mais je me rendais compte aussi que si je les gardais en bouteille, ils étoufferaient ma joie pendant longtemps.  J’avais du mal à profiter de la beauté que la nature me présentait.  Je n’aimais pas être recouverte d’un voile gris qui brouillait ma vision et qui jugeait mon environnement d’une façon pessimiste.  Je voulais faire briller cette poignée et réparer mon seau jusqu’à ce que je me sente à nouveau moi-même.

Il était temps de m’éloigner de l’inconfort afin que je puisse comprendre les choses, se vautrer dans la boue des soucis ne faisait qu’ajouter des couches de morosité à ma vie.  Alors que je regardais par la fenêtre, la lumière du soleil mis en évidence la couche de poussière et les taches de pluie sur les fenêtres, j’avais repoussé le lavage des fenêtres assez longtemps, il était temps de les laver.   J’avais besoin d’un peu d’air frais et de l’exercice.  Je me sens toujours mieux quand je peux rayer des choses de ma liste de tâches. J’avais eu deux excuses différentes pour ne pas effectuer cette besogne annuelle, la première raison était que deux insectes avaient construit des cocons, l’un sur la fenêtre, il était protégé par l’un des buissons de rhododendrons et l’autre sur le montant de la porte vitrée qui donne sur le mangeoire à colibris.  La deuxième raison avait été d’attendre le beau temps.  Je m’étais demandé quels insectes allaient émerger de ces deux cocons, mais j’avais attendu en vain des mois qu’ils éclosent.  Les cocons étaient devenus des sarcophages. Alors que je les raclés de la maison, j’ai bien sûr vu cela comme un signe et une leçon.  Je me demandais ce qu’un papillon de nuit éprouver quand il essayait de sortir de son cocon bien formé.   J’avais l’impression de ressentir la même chose qu’un papillon essayant de sortir d’un cocon tissé serré.   Avais-je construit un cocon si épais que je ne pourrais pas en sortir, comment tout cela se passerait-il?  L’image du cocon semblait représenter l’image idéale et parfaite de mes sentiments actuels.  Les cocons sont une bonne métaphore pour symboliser les nombreuses phases et facettes de ma vie.  Je me demandais combien de rêves, d’idées, d’expériences j’avais nourris au fil des ans par rapport au nombre que j’avais laissé flétrir et mourir en moi à cause de faux sentiments ou de peur.  Ces cocons séchés depuis longtemps faisaient partie de mon passé, pas du présent.  J’ai été soulagée de constater que j’étais capable de lâcher prise et de ne pas me vautrer dans le passé, cela ne me servait plus à le faire.  J’avais fait de grands progrès, même si j’avais l’impression d’avoir fait beaucoup de pas en arrière au cours des dernières semaines, j’étais toujours en mesure d’avancer une fois que je commençais à me dire “tu sais quoi faire, tu vas bien”.  J’ai ressenti une vague de contrariété à l’idée que j’avais couler dans l’étang de la pitié, mais ce sentiment me retiendrais de casser les murs du cocon.  Il n’y avait qu’une chose à faire, il fallait saisir la poignée et lui permettre de se détacher du vieux seau rouillé qui était destiné à la pile de recyclage des métaux.  Je savais que je pouvais sortir de le l’étang.  Il était temps de revenir à la surface pour que je puisse à nouveau ressentir et apprécier le moment présent.

Alors que je lavais les fenêtres, je pouvais sentir mon optimisme qui remontais, je sentis une fissure qui s’ouvrait lorsque que je raclais les deux cocons desséchés.  Je permis aux sons du matin et à la lumière du jour  de me remonter le moral.  Je pouvais maintenant suivre et apprécier les conseils du podcast que j’avais écouté la veille: “et si il fallait simplement  penser WOW, me sentir reconnaissante pour ce que je voyais autour de moi, les abeilles, les daims, les oiseaux et tout ce que la nature a à offrir.”

Parfois, il est plus facile de construire et de se retirer dans un cocon, mais cela ne m’apporte pas beaucoup de joie car il m’empêche de découvrir et d’éprouver les choses qui composent la symphonie de la vie.   Les nouvelles habitudes que j’ai acquises m’ancrent et me permettent de voir que le passé et le familier m’écartent de ma créativité.  Il est temps de quitter ce cocon et de voler.  

J’ai appris à lâcher une partie du poids qui m’empêchait de voler plus haut, je deviens meilleure à naviguer dans ma propre vie.   J’ai aussi appris que je dois me faire davantage confiance, je peux mieux manœuvrer autour des tempêtes qui apparaissent autour de moi.  Je dois ajuster ma vision pour pouvoir voir la situation dans son ensemble.  Je suis la seule à pouvoir imaginer un meilleur cap vers mes objectifs.

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