



Le temps passe, les saisons sont là pour nous le faire remarquer. En ce moment, les couleurs d’automne se préparent à passer le bâton à l’hiver. Mon regard est attiré par le bouleau du voisin, ses feuilles jaunes dansent dans un rythme que seules elles peuvent suivre. C’est une danse qui secoue chaque feuille individuellement, comme si chacune d’elles me saluaient, le soleil les fait briller comme si l’arbre était rempli de petites étoiles brillantes. Je n’avais pas réalisé qu’il faisait du vent. Près de la fenêtre où je suis assise, la nature bouge à peine. Par contraste, les feuilles du bouleau semblent vibrer, une dernière rafale les secoue, beaucoup d’elles se détachent de leurs branches et vire vole avant d’atterrir sur le sol. C’est un beau ballet aérien. D’autres s’accrochent encore aux branches ce qui me fait plaisir car je ne suis pas prête à le voir dénuder. Une fois le vent calmé je me rends compte que le bouleau est devenu chétif, les belles couleurs d’automne se fanent lentement, elles se font petit à petit remplacer par la palette d’hiver qui est moins agréable à mes yeux mais nécessaire au cycle de la nature et de la vie.
Le temps passe, c’est inexorable, chaque saison a son point fort et sa faiblesse. Chaque saison nous amène quelque chose de différent, un changement à notre environnement. En chaque début de saison on a l’impression que la vie reprend, c’est comme une nouvelle naissance. A son départ elle peut nous donner le sens d’une grande perte quand elle nous quitte pour faire la place à la suivante. Le rythme des saisons est certain, suivant où l’on vit on ne le remarque moins car elles sont plus courtes ou s’enchaînent sans qu’on s’en aperçoive alors qu’ailleurs son rythme est marqué.
Le temps peut passer sans qu’on s’en rende compte, on ne peut pas changer le temps passé, on peut apprécier ou désespérer de ce qu’il nous amène où nous prend. Ce n’est pas la faute du temps mais notre perception du temps qui des fois nous donne l’envie de nous cacher la tête sous l’oreiller. Mais où que nous soyons le temps est quelque chose de très personnel, individuel même, il n’appartient à personne, il suit sa propre cadence. La façon dont nous interprétons le temps a été créé par les humains, c’est notre thermomètre qui nous permet de nous juger vis-à- vis des autres ou de nous comparer aux autres. Nous jugeons le temps, nous lui donnant plus de pouvoir que nous nous donnons à nous-même. Le temps passe dans nos têtes, autour de nous. Il n’est pas toujours agréable de voir que la vie continue avec ou sans nous ou sans des personnes qui nous sont chères.
Autour du bouleau la vie est active, quelques pies, des mésanges et deux merles se posent dans le pré, dans les arbustes, une des pies s’est perchée au sommet de l’arbre. Tous ses oiseaux m’apportent un sentiment de joie, certains les voient et pensent que leur seul but est de se nourrir, de survivre, mais pour moi, quand je les vois voler ils me donnent l’impression qu’ils apprécient d’être ce qu’ils sont, ils ont l’air de s’amuser en faisant des pirouettes entre le ciel et la terre. Ils ne passent pas le temps à se lamenter du temps perdu, ils vivent dans le moment présent. La nature m’a appris à mieux me connaître et à m’apprécier, quand je suis en promenade en forêt je n’ai aucun jugement, je me sens en paix avec le monde, avec l’univers. Le temps s’arrête, n’a plus d’importance, je me focus sur ce qu’il y a autour de moi et je prends le temps de l’admirer, de l’étudier et de l’apprécier.
Ici, on sent l’hiver s’approcher. Le froid, le gel, la brume et la neige vont se présenter avec leur palette blanche et grise mais on peut aussi ajouter le bleu du ciel pour un très beau contraste. Cette palette est pleine de trésors aussi si on prend le temps de l’examiner. La brume est comme un rideau qui nous voile la vue pendant un petit moment mais lorsqu’elle se lève on peut tout voir. Il y a des contrastes marquants, des détails qu’on ne peut pas remarquer surtout quand les couleurs nous aveuglaient. La première chute de neige sur les Alpes suisse l’a bien mise en évidence pour moi, beaucoup plus de détails se sont présentés à mes yeux, les pics et les crêtes qui séparent chaque vallée et créent cette chaîne magnifique sont bien mieux apparentes.
Avec l’âge j’ai appris à apprécier le temps et à me donner plus de pouvoir que je lui en donnais. J’ai appris à ne pas avoir de regret, à quoi cela sert de perdre son temps de cette façon? Les regrets ne nous apportent rien, mais ils peuvent nous enlever la joie de vivre. On ne peut pas changer son passé. Je n’utilise plus l’expression “c’est une perte de temps” car chaque moment je choisi de le vivre à ma façon. Qui décide si c’est une perte de temps? Nous sommes tous différents, donc seuls nous-mêmes savons ce qui est important pour nous-mêmes. Maintenant, dans cette nouvelle saison de ma vie j’apprécie et je reconnais le moment présent. Il y a tellement de belles choses à vivre et à découvrir quand on ne s’inquiète pas où le temps va, il est plus important de vivre le moment qui nous est donné. En faisant la paix avec le temps, je l’ai aussi fait avec moi-même. J’aime le changement et l’inattendu donc je compte sur le temps pour me les amener.
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